Comptabilité financière

La comptabilité financière des sociétés financières suisses exige une valorisation rigoureuse des portefeuilles de titres et produits dérivés, conforme aux normes IFRS, Swiss GAAP RPC et au Code des obligations. La LIMF impose en parallèle des obligations de transparence et de déclaration, même en l’absence de dérivés significatifs, qui doivent être mentionnées dans les annexes des comptes. Avec son expertise en instruments financiers et dérivés, My Swiss Company SA accompagne ses clients dans la préparation d’états financiers fiables, transparents et conformes aux exigences suisses et internationales.

Comptabilité financière des sociétés financières suisses : enjeux, normes et pratiques pour les portefeuilles d’actifs et produits dérivés

La comptabilité financière occupe une place centrale dans la gestion des sociétés financières en Suisse. Dans un pays reconnu pour sa stabilité, sa place financière internationale et ses standards élevés de transparence, la tenue d’une comptabilité conforme et fiable constitue non seulement une obligation légale, mais aussi un gage de crédibilité auprès des investisseurs, des banques et des autorités de surveillance (FINMA, autorités fiscales cantonales et fédérales, etc.).

Pour les sociétés financières gérant des portefeuilles composés de titres cotés, de produits dérivés (futures, options, swaps, dérivés de taux) et appliquant parfois des stratégies complexes de hedge funds ou d’effet de levier, les enjeux sont encore plus sensibles. Une erreur comptable ou une mauvaise classification des instruments financiers peut avoir des répercussions fiscales, réglementaires et réputationnelles majeures.

Cet article propose une analyse détaillée de la comptabilité financière appliquée aux sociétés financières suisses, en mettant en lumière les règles spécifiques, les normes IFRS et Swiss GAAP RPC, ainsi que les bonnes pratiques de présentation des portefeuilles d’investissement et de gestion des risques liés aux produits dérivés.

  1. Les fondements de la comptabilité financière en Suisse

La comptabilité financière est définie en Suisse par le Code des obligations (CO), complété par des normes spécifiques selon le type de société et son champ d’activité. Pour les établissements financiers (banques, sociétés de gestion, négociants en valeurs mobilières), la réglementation s’appuie également sur les directives de la FINMA et sur les standards internationaux (IFRS, US GAAP pour certaines filiales internationales).

Les objectifs principaux de la comptabilité financière sont :

  • Présenter une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et des résultats de la société.
  • Assurer la transparence vis-à-vis des actionnaires, investisseurs et créanciers.
  • Garantir la conformité aux obligations fiscales (impôt fédéral direct, impôts cantonaux, impôt anticipé sur dividendes et intérêts).
  • Permettre une comparaison internationale des résultats et ratios financiers.

Dans le cadre de portefeuilles d’actifs complexes, la comptabilité doit refléter fidèlement les positions, leur juste valeur, leurs risques de marché et de crédit, ainsi que les éventuels engagements hors bilan.

  1. Comptabilisation des titres cotés en bourse

Les sociétés financières suisses détiennent souvent des portefeuilles de titres cotés (actions, obligations, ETF). La comptabilité financière distingue deux grandes approches :

  1. Valorisation au coût historique : les titres sont enregistrés à leur prix d’acquisition, sous déduction des corrections de valeur durables.
  2. Valorisation à la juste valeur (fair value) : selon IFRS 9 ou Swiss GAAP RPC 27, les titres sont évalués au prix de marché (mark-to-market) à la date de clôture, avec impact immédiat sur le compte de résultat ou les capitaux propres (OCI).

La valorisation à la juste valeur est particulièrement importante pour les investisseurs institutionnels, car elle reflète la réalité économique et permet une meilleure gestion des risques.

  1. Comptabilité des produits dérivés : futures, options et swaps

La gestion des produits dérivés représente l’un des aspects les plus techniques de la comptabilité financière. Les instruments dérivés peuvent être utilisés à des fins de couverture (hedging) ou de spéculation.

  • Futures : contrats standardisés négociés en bourse, inscrits en hors bilan lors de la conclusion, puis évalués quotidiennement (mark-to-market). Les variations de marge (variation margin) sont comptabilisées en résultat.
  • Options : l’acheteur comptabilise la prime comme un actif, amorti ou réévalué selon la valeur de marché. Le vendeur comptabilise une dette potentielle. La juste valeur est ajustée à chaque clôture.
  • Swaps et dérivés de taux : inscrits au bilan à leur valeur de marché, avec ventilation entre actif et passif selon la position nette. Les flux futurs (intérêts, taux variables vs taux fixes) sont actualisés.

La comptabilité financière impose de documenter précisément les contrats, les méthodes d’évaluation utilisées (modèles de Black-Scholes, arbres binomiaux, actualisation des flux), et de distinguer les instruments destinés à la couverture (hedge accounting) de ceux détenus à des fins de trading.

  1. Hedge accounting et gestion du risque

Les normes IFRS permettent d’appliquer le hedge accounting si la société peut démontrer que l’instrument dérivé sert à couvrir un risque clairement identifié (risque de taux, risque de change, risque de prix).

Le hedge accounting a pour but de réduire la volatilité artificielle du compte de résultat :

  • Les variations de valeur des instruments de couverture sont imputées directement dans les capitaux propres (OCI) et non dans les résultats immédiats.
  • Les gains et pertes ne sont comptabilisés qu’au moment où la transaction sous-jacente impacte les comptes.

La documentation du lien entre l’instrument de couverture et l’élément couvert est une exigence stricte. Une erreur dans cette documentation entraîne la requalification et la comptabilisation intégrale des variations de valeur dans les résultats.

  1. Effet de levier et transparence comptable

De nombreuses sociétés financières suisses utilisent l’effet de levier pour maximiser leurs rendements. Cela implique un recours important à l’endettement, aux produits structurés ou aux dérivés.

La comptabilité financière doit alors présenter avec précision :

  • Le montant total des dettes liées aux positions levier.
  • Les engagements hors bilan (par ex. garanties données, appels de marge potentiels).
  • Les ratios de liquidité et de solvabilité exigés par la FINMA.

Une présentation claire dans l’annexe des comptes est indispensable pour que les investisseurs puissent évaluer correctement le risque global de la société

.

  1. Normes comptables applicables en Suisse

Swiss GAAP RPC

Applicable aux PME et sociétés non cotées, le référentiel Swiss GAAP RPC privilégie la clarté et la prudence. La valorisation au coût historique reste la règle, sauf pour certains instruments financiers.

IFRS

Pour les sociétés cotées ou orientées vers des investisseurs internationaux, les IFRS sont obligatoires. IFRS 9 (instruments financiers), IFRS 7 (informations sur les risques financiers) et IFRS 13 (évaluation à la juste valeur) constituent des piliers essentiels pour la comptabilité financière des sociétés financières.

US GAAP

Certaines filiales de groupes internationaux basés en Suisse doivent préparer leurs comptes selon US GAAP. Les règles diffèrent parfois des IFRS, notamment sur la présentation des dérivés.

  1. Présentation et informations à fournir dans les annexes

La comptabilité financière ne se limite pas au bilan et au compte de résultat. L’annexe joue un rôle crucial dans la transparence.

Les sociétés financières doivent y inclure :

  • La politique comptable appliquée aux instruments financiers.
  • Le détail des positions en produits dérivés (nominal, juste valeur, échéances).
  • Les méthodes d’évaluation (mark-to-market, modèles internes, prix observables).
  • Les risques de crédit, de liquidité et de marché.
  • Les transactions avec les parties liées et la politique de gestion des risques.

Ces informations sont essentielles pour que les auditeurs, les investisseurs et les autorités puissent évaluer la robustesse de la société.

7 bis. Obligations de transparence et de déclaration des dérivés selon la LIMF

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF, RS 958.1) en 2016, les sociétés financières suisses sont soumises à des règles strictes en matière de déclaration des transactions sur dérivés et de gestion des risques bilatéraux. Ces règles, alignées sur le règlement européen EMIR, visent à améliorer la stabilité du système financier et à réduire le risque systémique.

Concrètement, même si une société n’utilise pas de produits dérivés ou ne dépasse pas les seuils de matérialité fixés par la FINMA, elle doit informer de sa situation dans l’annexe aux comptes annuels. Cette obligation de transparence fait partie intégrante de la comptabilité financière, car elle garantit aux investisseurs et aux auditeurs que la société :

  • a procédé à une analyse de matérialité de ses positions en dérivés,
  • a vérifié si elle est soumise aux obligations de compensation centrale ou aux exigences de collatéralisation bilatérale,
  • a identifié ses éventuelles obligations de reporting à un référentiel central.

Ainsi, l’annexe des états financiers doit mentionner :

  • L’existence ou l’absence de positions en dérivés soumises aux obligations de la LIMF.
  • Les méthodes de valorisation utilisées pour les instruments dérivés (mark-to-market, modèles internes, etc.).
  • Les politiques de gestion des risques applicables (hedge accounting, couverture du risque de change, de taux, etc.).
  • Le respect ou non des seuils réglementaires pour les contreparties financières (banques, gérants) et non financières (entreprises industrielles ou commerciales).
  • Le cas échéant, les informations sur la contrepartie centrale utilisée ou le référentiel central auquel les transactions ont été reportées.

Même en cas d’absence de dérivés significatifs, la comptabilité financière doit inclure une mention explicite de « non-utilisation » ou de « non-dépassement des seuils LIMF ». Cela évite toute ambiguïté et assure aux auditeurs comme aux autorités de surveillance que l’évaluation de conformité a été effectuée.

💡 Conséquence pratique : une société de négoce ou un gestionnaire d’actifs qui clôture ses comptes doit donc non seulement présenter ses portefeuilles d’actions et d’obligations, mais aussi intégrer une section sur la conformité LIMF, précisant si elle a des transactions à déclarer ou non. La comptabilité financière devient ainsi un instrument de preuve réglementaire, renforçant la transparence et la crédibilité de l’entreprise.

  1. Rôle des auditeurs et de la surveillance réglementaire

En Suisse, la comptabilité financière des sociétés financières est soumise à un contrôle rigoureux :

  • Auditeurs agréés : ils vérifient la conformité aux normes comptables et à la législation (CO, OR, directives FINMA).
  • FINMA : pour les établissements soumis, elle contrôle la gestion des risques et peut exiger des ajustements.
  • Banques dépositaires et contreparties : elles demandent des reporting précis pour suivre les expositions.

Un audit défavorable ou des lacunes dans la présentation des risques financiers peut entraîner des sanctions et nuire gravement à la réputation de la société.

  1. Fiscalité et impacts de la comptabilité financière

La fiscalité suisse s’appuie directement sur les comptes établis selon le CO, sauf retraitements spécifiques. Ainsi, la comptabilité financière influence directement l’imposition :

  • Les gains et pertes sur titres et produits dérivés sont imposables au niveau de la société.
  • Les corrections de valeur et provisions doivent être justifiées.
  • Les pertes fiscales reportées doivent être clairement documentées.

Pour les sociétés de trading, la distinction entre gains en capital (souvent exonérés pour les personnes physiques) et revenus imposables (pour les sociétés) est cruciale.

  1. Bonnes pratiques pour une comptabilité financière robuste

Pour garantir la qualité et la conformité de la comptabilité financière, les sociétés financières suisses devraient :

  1. Mettre en place des systèmes informatiques intégrés (front-to-back) permettant une évaluation quotidienne des portefeuilles.
  2. Documenter rigoureusement les méthodes de valorisation et les choix comptables.
  3. Séparer clairement les activités de couverture et de spéculation.
  4. Réaliser des stress-tests et simulations de sensibilité pour anticiper les impacts comptables d’événements extrêmes.
  5. Former les équipes comptables et financières aux normes IFRS et aux directives de la FINMA.

La comptabilité financière des sociétés financières suisses est un exercice complexe qui exige rigueur, expertise technique et connaissance approfondie des normes internationales. Dans un environnement où la transparence et la confiance des investisseurs sont essentielles, la qualité des comptes constitue un avantage compétitif majeur.

Qu’il s’agisse de portefeuilles d’actions, d’obligations, de produits dérivés sophistiqués ou de stratégies de couverture, la comptabilité doit traduire fidèlement la réalité économique tout en respectant les exigences légales et fiscales suisses.

En somme, une comptabilité financière robuste, transparente et conforme n’est pas seulement une obligation réglementaire : elle constitue un pilier stratégique pour la pérennité et le développement des sociétés financières en Suisse.

Nos services de comptabilité financière

 

Chez My Swiss Company SA – Fiduciaire Suisse, nous accompagnons nos clients dans toutes les étapes de leur comptabilité financière, qu’il s’agisse de sociétés financières, de gestionnaires de portefeuille, de structures de négoce ou de holdings suisses. Notre expertise couvre la tenue et la présentation des comptes selon le Code des obligations, Swiss GAAP RPC ou IFRS, avec une maîtrise particulière des problématiques liées aux produits financiers cotés et aux instruments dérivés (futures, options, swaps, dérivés de taux). Nous assurons une valorisation rigoureuse des actifs, la documentation des stratégies de couverture (hedge accounting), ainsi que la préparation des annexes conformes aux exigences de la LIMF et de la FINMA. Grâce à notre expérience, nous offrons à nos clients une comptabilité financière fiable, transparente et conforme, tout en optimisant la présentation de leurs états financiers et en renforçant la confiance des investisseurs et des autorités.

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